Port de Cotonou: quand les études financées par l'UMDF ouvrent la voie à un prêt BAD.

05/10/2023
Charly Andral

Le 14 juillet 2023, le Conseil d'administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un prêt de 80 millions d'euros au Port Autonome de Cotonou (PAC) au Bénin dans le cadre de son Plan Directeur Portuaire de cinq ans d'un montant total de 425 millions d'euros.

Le Fonds de developpment urbain et municipal (UMDF) a contribué au Plan Directeur Portuaire grâce à une initiative appelée "Small Grant Initiative", finançant plus précisément l'Étude de marché, dont les conclusions ont souligné la viabilité économique du projet d'agrandissement. C'est notamment sur elle que se sont appuyés les bailleurs de fonds au moment de valider les financements du projet.

Une passerelle importante pour les pays enclavés

Le port de Cotonou est situé en zone urbaine. Il constitue une porte d'entrée incontournable pour le Bénin, mais aussi vers les pays enclavés tels que le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Nigeria. Bien qu'une partie du port ait été modernisée par le passé, grâce à de nouveaux équipements de manutention des marchandises, le port reste limité dans ses capacités de traitement et fait face à plusieurs défis dans ses prestations de services.

Parmi ces défis figurent la faible productivité du travail, les retards de dédouanement des marchandises, le manque d'automatisation complète, les embouteillages et la mauvaise planification urbaine autour du port. Ces problèmes sont aggravés par l'évolution de la technologie des bateaux: les nouveaux navires ont de plus grand tirant d'eau et le plus grand volume de produits qu'ils transportent appelle à d'avantage d'efficacité au niveau des ports. L'ensemble de ces facteurs provoque des goulots d'étranglement, entraînant une augmentation des coûts de transport des marchandises entre le port et les plateformes logistiques dans l'arrière-pays.

Anticipation de la croissance du trafic

Étant donné l'importance stratégique du PAC pour le pays, et le potentiel impact de son agrandissement pour la ville de Cotonou, l'UMDF a financé une étude de marché destinée à évaluer précisement les retombées attendues de la croissance du traffic de marchandises générée par la mise en place du Plan Directeur Portuaire. L'étude a conclu que le trafic devrait effectivement croître, passant de 11,8 millions de tonnes en 2021 à 20 millions de tonnes en 2033, avec un trafic de conteneurs représentant la moitié du tonnage total. Cette croissance implique inévitablement une augmentation du trafic routier. En conséquence, des mesures d'atténuation approfondies devront être mises en place pour limiter les retombées négatives pour les communautés environnantes.

Évaluation des vulnérabilités aux risques climatiques

Le PAC a en outre bénéficié d'une étude complémentaire menée par le Global Center on Adaptation, analysant le projet du point de vue de ses vulnérabilités aux risques climatiques. Toutes les recommandations ont été incluses dans la conception des infrastructures et dans le cadre du Système de gestion environnementale et sociale du PAC.

Expansion du port et amélioration de la connectivité

Les études financées par l'UMDF ont nourri le dossier de demande de prêt, finalement approuvé par la BAD en juillet. Le financement BAD permettra la création d'un nouveau terminal conçu pour la manipulation de marchandises en vrac. Il s'étendra sur 20 hectares. Le projet prévoit aussi la mise en place d'un point d'accès unique au port, point de passage équipé d'un système de gestion numérique des flux de camions, optimisant l'usage des zones de circulaton et de stationnement.

Ces équipement devraient permettre une réduction du temps de transit dans la zone portuaire de près de deux heures, soulageant significativement la congestion sur les routes d'accès. Le projet améliorera les conditions de travail pour les chauffeurs routiers, ainsi que pour le personnel des douanes et leurs partenaires techniques. En retour, le gouvernement du Bénin bénéficiera d'une augmentation des recettes fiscales et des dividendes résultant du projet. De plus, l'initiative devrait générer des emplois, notamment pendant la phase de construction, offrant des opportunités supplémentaires pour les opérateurs portuaires, ainsi que d'autres parties prenantes telles que les propriétaires de camions et les chargeurs de navires.